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Être une femme occidentale au Maroc, mon ressenti

En 2018, j’ai embarqué pour un road trip au Maroc, le cœur léger et l’itinéraire flou, comme j’aime. Le soleil, les montagnes, le désert, la mer… et surtout, cette envie d’ailleurs. J’étais accompagnée de mon meilleur ami pour les premiers jours, et nous avons sillonné les routes marocaines sans prise de tête, entre émerveillement culturel et rires partagés.

Mais il a dû rentrer plus tôt que prévu. Et c’est là que mon voyage a pris un autre tournant. En tant que femme occidentale voyageant seule au Maroc, j’ai découvert une réalité bien différente de celle des cartes postales. Une expérience pleine de contrastes, entre hospitalité sincère et moments d’inconfort profond. Voici mon ressenti, brut, sans filtre, ni généralisation hâtive.

Un début de voyage sans accrocs… ou presque

Les premiers jours furent doux. Avec mon ami, nous avons exploré les souks, goûté aux tajines les pieds dans le sable, et dormi dans des petits riads pleins de charme. À chaque tentative de réservation pour une chambre double, on nous demandait si nous étions mariés. Rien de bien méchant, plutôt de la curiosité teintée de traditions. Mais déjà là, une petite gêne : celle de devoir se justifier, même sans hostilité.

Voyager seule au Maroc : une autre réalité

Lorsque mon ami est rentré en France, j’ai poursuivi mon aventure en solo. Et là, j’ai découvert une autre facette du voyage. Celle qu’on ne lit pas toujours dans les guides. Celle qu’on tait parfois pour ne pas “faire de vagues”. Mais je crois qu’il est important d’en parler avec honnêteté.

Des gestes intrusifs

Je me souviens encore de ce moment dans un souk, à Casablanca. Un homme passe à côté de moi et, sans un mot, me touche les cheveux. Je suis surprise, mal à l’aise, mais je ne réagis pas. Que faire ? Est-ce que je dramatise ? Est-ce que c’est “normal” ici ? C’est ce genre de moments qui nous font douter de notre ressenti, alors qu’ils sont clairement déplacés.

L’expérience de la plage

Un autre jour, à la plage, je décide de me baigner. Il fait chaud, je porte un maillot deux pièces simple, acheté chez Decathlon. Rien de provocant. Mais à peine installée, je sens les regards. Des marmonnements, des sifflements, et puis un crachat à côté de ma serviette. J’ai tellement mal vécu cette scène que j’ai remis ma combi-short pour aller me baigner. Pas par pudeur, mais pour disparaître un peu…

Harcèlement de rue

Les sifflements, les remarques dans la rue, les regards lourds… Je les ai vécus presque chaque jour. Ce n’est pas propre à une tranche d’âge : autant de la part de jeunes que d’hommes bien plus âgés. Et surtout, ce sentiment d’être suivie, scrutée, jugée. D’être perçue comme “différente”, et parfois, comme une “proie”.

Ce que ce voyage m’a appris

Mon objectif ici n’est pas de condamner un pays ou une culture. Le Maroc m’a aussi offert des moments d’une grande beauté, des paysages magnifiques, des sourires sincères, des rencontres riches. Mais il est essentiel de parler aussi des zones d’ombre, surtout quand on est une femme, et encore plus quand on voyage seule.

Être une femme occidentale au Maroc, c’est souvent naviguer entre fascination et malaise, entre chaleur humaine et limites culturelles difficiles à ignorer.

Voyager au Maroc en tant que femme : mes conseils

Pour celles qui envisagent de partir, voici quelques conseils issus de mon expérience :

  • Privilégier les tenues couvrantes, même si ce n’est pas toujours une garantie contre les remarques.

  • Éviter de se promener seule la nuit ou dans des ruelles peu fréquentées.

  • Porter une alliance (fictive) peut parfois « protéger » des avancées.

  • Faire preuve de confiance, sans agressivité : le regard franc et le pas assuré font souvent la différence.

  • Ne pas hésiter à demander de l’aide ou à s’abriter dans un commerce si on se sent suivi.

Un regard nuancé, pas amer

J’ai longtemps hésité à écrire cet article. De peur qu’on le prenne comme une critique dure ou injuste. Mais le voyage, c’est aussi ça : des vérités parfois inconfortables, qu’il faut savoir regarder en face. J’aime profondément l’aventure, la découverte, le choc des cultures. Et c’est précisément parce que je respecte le Maroc et ses habitants que je partage ces ressentis, sans haine, sans caricature.

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